Le moins que l'on puisse dire en effet, est que Jared Diamond a bien lu les auteurs... En effet le "James Brander/Scott Taylor: the simple economics of easter island" a été publié en 1998...
http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=57468
Cela dit, cette histoire de l'île de Pâques méritait d'être rappelée. Elle est plus visuelle, plus spectaculaire que d'autres, puisque là-bas, plus de bois, plus de Moai. Mais cet acharnement jusqu'au déclin tout en étant conscient des risques est une spécificité de l'espèce humaine. Ce qui s'est passé au moyen-âge en Islande est moins spectaculaire, mais l'abattage complet de la forêt islandaise n'en demeure pas moins une réalité.
Les auteurs expliquent que les pascuans ne se seraient pas aperçu des ravages qu'ils causaient, car les conséquences de 5% d'abattage ne se laissent pas percevoir sur la vie d'un homme (30 ans). Moi, je ne partage pas cette vision des choses. Je pense au contraire que les "sages", les vieux de l'île de Pâques se sont très bien rendu compte que leur forêt disparaissait. Mais l'appat était trop fort. C'est un peu ce qui s'est passé avec les subprimes. Cela fait maintenant un certain temps qu'il y a un consensus sur les dangers de la titrisation des risques. Mais, on continue. Les gains sont trop forts. Le risque des parties prenantes est minimisé voire, n'est pas pris en compte. Et celui pour la société encore moins
Cette histoire de l'île de Pâques rappelle bougrement ce qui se passe aujourd'hui (et Diamond ne s'y est pas trompé...). L'homme a une conscience collective du même niveau que celle du criquet pélerin: on bouffe tout, on crêve. Ce qui s'est passé sur un millénaire à l'île de Pâques est une constante de l'humanité. Nous sommes des prédateurs prêts à tout pour assurer notre confort immédiat. Déjà, il a fallu tout un stratagème pour que nous évitions de tuer notre prochain... Alors de là à vouloir lui préparer une vie meilleure...
La seule chose qui fait aujourd'hui évoluer la consicence collective est que la génération "montante", c'est à dire celle qui commence à avoir accès aux leviers du pouvoir se rend compte qu'elle va en prendre plein la poire si on continue comme ça, à un moment ou elle ne sera plus en mesure d'influencer les décisions. C'est le côté positif de la question générationnelle que Brander et Taylor ont magistralement démontrée.